Noël Akchoté (fr) | Moondog par l'Ensemble Minisym (fr) | Toad (fr) | Lucio Capece (arg/deu) | Streifenjunko (nor) | Yair Yona (isr) | Joujou (fr) | Piotr Kurek (pol) | No Noise No Reduction (fr) | Los Pirañas (col) | Rhodri Davies & Richard Dawson (uk) | The Cosmic Dead (uk) | Rafael Toral (prt) | Cantenac Dagar (fr) | Eric Chenaux (can) | Odessey & Oracle (fr) | Loup (fr) | Arnaud Paquotte
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Vendredi 11 septembre
19h NoëlAkchoté (fr) troubadour déjazzé | Port
Comment espérer, en quelques lignes, résumer la trajectoire atypique de cet artiste iconoclaste et incontournable, aussi à l’aise pour arranger des madrigaux de Gesualdo que pour interpréter avec une sincérité désarmante les tubes de Kylie Minogue, c’est dire si l’éventail est large et le débat est ouvert. Alors quelques balises pour marquer le vaste champ d’action et terrain de jeu, pris presque au hasard d’une discographie pléthorique et passionnante : Fred Frith, Evan Parker, les labels Rectangle et Winter & Winter, Katerine, Jean-Louis Costes, Red, David Grubbs, Luc Ferrari, Jean-François Pauvros, Max Nagl, Earth, Machaut, Sonny Sharrock, John Cage, Monteverdi, les cinéastes John B.Root et Thierry Jousse…
20h30 Moondog par l'Ensemble Minisym (fr) classique et classieux | Petit Bassin
Compositeur visionnaire, génie culte et occulte, Louis Thomas Hardin, alias Moondog (1916-1999), est l’une des personnalités les plus singulières de la musique américaine du XXe siècle. Personnage excentrique, il a véhiculé l’image d’un prophète, d’un poète aveugle, profondément attaché à la tradition des moines zen errants, vivant dans la rue, et dont la liberté de ton, alliée à un académisme de forme, a donné naissance à une musique d’une puissance immédiate, détachée des courants et des tendances. L’ensemble nantais Minisym, travaillant essentiellement sur l’œuvre Moondog, mélange périodes et esthétiques à l’aide d’un instrumentarium original afin de caractériser cette pensée sans cesse en mouvement.
22h Toad (fr) transe profonde | Vestiaire
Le bal sauvage. Une musique de danse, héritée des collectages des monts d'Auvergne et du Limousin, traditionnelle et presque lointaine, bruitiste, dense, viscérale, pleine de rugosité et de tension. De longs bourdons forment des trames lentes et hypnotiques, dans lesquelles textures et timbres se croisent, s’épanouissent et se transforment, jusqu’à ce qu’un motif ou une mélodie émerge, tel un puissant chant de grâce jubilatoire et libérateur. Bien loin du son aseptisé des tentatives réunies sous la bannière d’un certain « revival folk », Toad bâtit un édifice sonore complexe, en perpétuelle évolution, qui met en résonance le corps et l’espace.
23h Lucio Capece (arg/deu) harmoniques aériennes | Petit bassin
Souvent qualifiée de minimaliste, spectrale, méditative, la musique de Lucio Capece est envisagée comme une expérience d’écoute et perception, une profonde recherche sur le matériau sonore, en relation étroite avec le lieu et le contexte de jeu. Ici, la pièce « Conditional Music » sera interprétée sur un dispositif unique : une série de ballons gonflés à l’hélium et équipés de haut-parleurs, circulant autour et au dessus du public. Des ondes sinusoïdales pures cohabitent avec les rumeurs des paysages sonores enregistrés sur site, silences, drones et autres sons de synthèse, peut-être même qu’on y entendra le souffle de son saxophone soprano.
Samedi 12 septembre
11h Streifenjunko (nor) vents du nord | Forum
Un univers abstrait, étrange, tout en subtilité et en finesse. Dans une apparente et déconcertante simplicité, et sans grande prétention, Eivind Lønning (trompette) et Espen Reinertsen (saxophone ténor), tous deux issus du Trondheim Jazz Conservatory et originaires d’Oslo, offrent à l'auditeur un véritable travail d'orfèvre, d'une rare justesse et d'une précision radicale. Ils font preuve d'une maîtrise éblouissante de leurs instruments, dont ils repoussent sans cesse les limites, avec pour unique solfège, l'invention et la prise de risque. Leurs recherches, autour du seul son acoustique, du bruit, du silence, de la texture les mènent dans des territoires proches de la musique électronique ou électroacoustique.
15h Yair Yona (isr) guitare primitive | Lieu surprise
Même si Israël n'est pas vraiment identifié comme un haut-lieu de la guitare folk, il semble que Yair Yona soit bien déterminé à bouleverser la donne. Accompagné du spectre des héros sombres du mouvement American Primitive Guitar (Fahey, Kottke, Basho…) des années soixante, il trace, depuis Tel Aviv et bien au delà, une voie soliste et singulière, marquée par un picking inflexible et un jeu débarrassé de toute virtuosité démonstrative et bavarde. Pour au contraire affirmer l'essence même de ses balades douces et envoûtantes, qui souvent basculent, au détour d'un arrangement plein d'audace, dans l'abrupt, la rudesse ou l'exubérance.
17h Joujou (fr) jeux interdits à deux | Sous-bois
Disco-punk clownesque. Ils sont deux. Lui, Benjamin Colin, échappé de chez Fantazio, percussionniste bruiteur, homme orchestre à la batterie et aux samples acérés. Elle, Agnès Pinaqui, actrice bassiste à corde unique, diseuse, aboyeuse à la voix claire. Chancelant entre rock'n'roll minimaliste et danse vaudou de salon, à force de riffs simples, de boucles et de tambours martelés, de cris et d'incantations improvisées, avec sa lutherie sauvage et ses poèmes apprivoisés, Joujou cherche à retrouver une danse libre, à quatre pattes comme sur un pied. De la poésie libertaire à la transe ancestrale. Les enfants de Lucrate Milk, Catherine Ribeiro et Joy Division.
19h Piotr Kurek (pol) synthèse hypnotique | Pédiluve
Compositeur et multi-instrumentiste polonais basé à Varsovie, oeuvrant régulièrement pour des compagnies de danse et de théâtre, épris de musique contemporaine et spécialiste des prémisses de la musique électronique, collecteur sonore et collectionneur insatiable de 78 tours introuvables, fasciné par les sonorités de la synthèse analogique des plus vintage, Piotr Kurek invente et interprète une musique pleine de mystère, entêtante, ample, onirique et nourrie d'un genre d'ésotérisme obscur. Avec un réel enthousiasme et un appétit d'éclectisme, il navigue à vue entre narration mélodique et collages sonores, depuis les confins du free jazz, jusqu'à la lisière de la musique concrète, sans jamais trop s'éloigner des fondamentaux de l’ambient.
20h30 No Noise No Reduction (fr) sax machine triangulaire | Petit Bassin
Tel est le nom d’un trio porté par des rockeurs qui ne se sont pas trompé d’instruments : deux saxophones basse et un sax baryton. Marc Démereau, Marc Maffiolo et Florian Nastorg exhument les brûlots sonores des années quatre-vingt-dix via Sonic Youth, les Melvins, This Heat, Ligthning Bolt… sans renier l'héritage free des années soixante-dix. Une relecture du beau bruit, sans batterie, sans électricité. Le groupe poursuit en 2014 son exploration de l’énergie brute en choisissant cette fois-ci de retravailler dans son intégralité un album (The Void) du groupe Flying Luttenbachers, défunt groupe culte du rock underground et digne héritier du mouvement No Wave.
22h Los Pirañas (col) cumbia carnivore | Grand Bassin
Originaire de Bogota, emmené par Eblis Alvarez, Mario Galeano and Pedro Ojeda (Meridian Brothers, Frente Cumbiero…) l'offensif et frénétique trio colombien explose sans grande retenue les codes de la musique latino-américaine, qu'elle soit colombienne (cumbia, vallenato, champeta créole), péruvienne (chicha) ou mexicaine (raspa). Musique ténébreuse, énervée, stridente et hallucinée, une trance tropicale décomplexée et noyée dans une électronique hors de contrôle. Un déluge de son psychédélique sud-américain auréolé de tous ses excès de bon et de mauvais goût. Mais le tout reste cependant tout à fait dansable, c'est quand même un comble…
23h Rhodri Davies & Richard Dawson (uk) guitare et harpe déstructurées | Vestiaire
Rencontre. À ma gauche, Richard Dawson, figure emblématique et excentrique de l'underground folk anglais. Ses chansons élégiaques et élégantes, intenses et crues, sont nourries d'un sens de l'humour flirtant avec l'absurde et portées par une voix haut-perchée, éraillée, et un jeu de guitare abrasif et décalé. À ma droite, Rhodri Davies, compositeur et harpiste gallois, pilier de la scène des musiques improvisées et noise européenne (courant réductionniste qu'ils disaient à Londres). Lui s'est depuis belle lurette éloigné du jeu traditionnel de la harpe par l'utilisation de préparations, d'accordages étranges ou par le jeu de cordes frottées.
00h The Cosmic Dead (uk) space rock transcendantal | Grand Bassin
À peine cinq ans d’activité et déjà cinq albums et une pelletée de splits et de disques live au compteur, autant de morceaux-fleuves de vingt minutes tels des voyages astraux sous chimie lourde. Les écossais The Cosmic Dead prolongent de bien belle manière le rock psychédélique initié dans les années soixante-dix (Hawkwind et Popol Vuh comme points de départ, avant de basculer vers le krautrock, doom…). Puissant et planant seraient deux pauvres euphémismes pour décrire ce mur de son habité par une batterie métronomique et des riffs lysergiques. Une musique flamboyante et stratosphérique, un véritable hommage au cosmos.
Dimanche 13 septembre
11h Rafael Toral (prt) boîtes a musique savante(s) | Berges du Tarn
Rafael Toral joue des instruments électroniques nés d'objets « sur-mesure » qu'il détourne, bricole ou fabrique. Autrefois connu pour ses travaux proches des esthétiques dronesques, vastes nappes de guitare et des sons de synthèse, il a radicalement renouvelé son approche au début des années 2000, pour s'orienter vers une proposition qu'il présente lui-même comme "post-free jazz electronic music" (ou comment établir des manières de jouer de la musique électronique selon des valeurs qui trouvent leurs origines dans le jazz), qui se veut viscérale et sensible, plutôt que purement cérébrale.
12h Cantenac Dagar (fr) beat, box & banjo | Petit Bassin
On aurait pu dire aussi : Psyché Bhangra Lo-Fi (!). Duo instrumental, bruyant et un poil brutal, s'appuyant sur un banjo, un lecteur cassette et le travail de human beatbox de l'un de ses membres, Cantenac Dagar produit de longues séquences fiévreuses, portées par une tension et une énergie constante, dans lesquelles une multitude de sons s’agencent, s'étirent, s’encastrent, s'entrecroisent et s'entrechoquent jusqu'à faire naître une fureur organique et enivrante. Quelqu’un se souvient-il du final illuminé de la deuxième Baignade avec le groupe France dans le petit bassin ? Eh bien voilà de sérieux challengers…
14h Eric Chenaux (can) chant vertigineux et guitare ferrugineuse | Sous les arbres
Eric Chenaux est l’un des guitaristes et compositeurs expérimentaux les plus prolifiques et respectés du Canada. Depuis 2006, il publie sur le prestigieux label Constellation (Godspeed You! Black Emperor, A Silver Mt. Zion…) cinq perles dans lesquelles l’agilité de son jeu de guitare (adaptation ingénieuse du folk traditionnel) s’allie à la pureté presque lyrique de son chant. Sa lenteur hirsute, son indolence et sa grande douceur étrange ne peuvent laisser indifférent. Transversal et iconoclaste, il improvise autour de ballades hésitantes et profondément émouvantes. Norberto Lobo (l’ami guitariste portugais) a décrit sa musique comme du « r’n'b de saturne », ce qui semble finalement assez pertinent.
15h30 Odessey & Oracle (fr) acid folk transfiguré | Vestiaire
Empruntant son nom à l’album du groupe anglais « The Zombies », paru en 1968, le projet Odessey & Oracle continue d’explorer les voies tracées à la fin des années soixante par des groupes psychédéliques anglais et américains au style particulièrement fleuri, parfois qualifié de « pop baroque ». Le trio s’inspire d’une certaine liberté de ces années d’optimisme où l’expérimentation était partout et les démarches hérétiques plébiscitées par la foule. Puisant leurs influences autant dans le répertoire classique ancien (baroque, renaissance, médiéval) que dans les musiques électriques plus contemporaines, les compositions aux arrangements élaborés laissent une grande place au contrepoint et à des instrumentations hybrides (instruments anciens et spécimens plus modernes).
17h Loup (fr) épileptique et indomptable | Petit Bassin
Point de meute. Loup est deux. Loup est un duo hargneux et vindicatif regroupant deux agitateurs et activistes lyonnais gravitant autour de l’essentiel Grrrnd Zero ou de l’excellent label Gaffer, et sonne comme un très bon exemple de cette nouvelle génération désireuse de remettre les pendules hexagonales à l’heure, se démarquant fortement d’une tradition improvisée à la française et ruant franchement dans le cadre. Un flux volontaire, affirmé, frontal. Des électroniques profondes, une brume latente, un sax parfois discret mais plaintif, sauf qu'à la fin c'est toujours le free qui gagne.
Tout le weekend
Arnaud Paquotte (fr) "Stripe" surfaces électrifiées | Salle des machines
Au collège, durant les cours de sciences physiques dispensés par un professeur ne laissant aucun répit aux cancres, Arnaud Paquotte découvre de phénomène électrique. Au même âge, à quatorze ans, il commence à démonter sa mobylette et s’initie tout seul à la mécanique. En faisant trembler les vitres avec une guitare basse et un vieil ampli, il découvre le phénomène de pression acoustique dans son garage. Depuis ces faits marquants, il développe de façon plastique un travail sonore avec des machines, avec des moteurs électriques, des cordes tendues, des lampes et des amplificateurs de guitare basse.
